Priorité du dialogue social et nécessité de l’intervention de l’Etat | Nor Info

Priorité du dialogue social et nécessité de l’intervention de l’Etat

ven, 18/04/2025 - 13:07

Excusez-moi d’utiliser LinkedIn, une plateforme habituellement dédiée aux opportunités professionnelles, pour aborder un sujet profondément social. Mais c’est justement ici, auprès des décideurs, des cadres et des responsables d’opinion, que ce message doit être entendu. Le vrai dialogue national que la Mauritanie attend n’est pas politique. Il est social. Et alors qu’un dialogue politique va s’ouvrir, j’invite les autorités à ne pas se tromper de priorité. Ce n’est pas ce que les Mauritaniens attendent. Ils veulent qu’on s’attaque à leur réalité quotidienne : une pression sociale écrasante, un système qui ne leur laisse plus aucune respiration. Aujourd’hui, se marier, se loger, vivre dignement est devenu un parcours du combattant. Les traditions se sont transformées en fardeaux. Les dots atteignent des niveaux insoutenables. Les fêtes sont devenues des concours de prestige ruineux. Les jeunes n’en peuvent plus. Ils fuient, non pas seulement par pauvreté, mais parce que le modèle social est devenu invivable. Ce n’est pas seulement la jeunesse qu’on détruit. C’est la cellule familiale qui s’effondre. Les pères et mères travaillent dur, mais n’arrivent plus à joindre les deux bouts. En Mauritanie, quel que soit le salaire, il ne suffit plus à faire vivre une famille, tant la pression sociale est forte et tant la société repose sur une logique de dons et d’attentes devenue insoutenable. Les divorces explosent. Les enfants se retrouvent sans repères. Et la société entière se fragilise. Je sais que chacun est libre de dépenser son argent comme il l’entend. Mais lorsque ces pratiques menacent le socle de la société, l’État doit intervenir. Et aujourd’hui, ce socle est clairement en danger, étouffé par des dépenses excessives et une forme de dictature sociale devenue intolérable. Je propose des mesures concrètes et urgentes : Plafonner légalement les dots. Sanctionner les dépassements par une amende et une peine de prison ferme. Interdire les fêtes de mariage ostentatoires. Créer un programme national de logements sociaux avec l’appui du secteur privé. Taxer fortement le foncier non exploité pour réorienter les capitaux vers l’investissement productif. Aujourd’hui, nous vivons dans une Mauritanie à deux vitesses. Une minorité qui dépense sans limite et s’exhibe sur les réseaux sociaux. Et une majorité silencieuse qui lutte chaque jour pour joindre les deux bouts. J’en appelle à tous les responsables politiques, majorité et opposition. N’imaginez pas qu’un dialogue politique suffira. Le peuple attend qu’on règle ses vrais problèmes. Ce sont des problèmes sociaux. Il est temps d’avoir le courage de regarder la réalité en face.

Par Dahah Hemody sur Fb