PROFIL DE CAS : SAHEL. Quand des « déserteurs » en treillis assassinent la démocratie. | Nor Info

PROFIL DE CAS : SAHEL. Quand des « déserteurs » en treillis assassinent la démocratie.

mer, 09/08/2023 - 17:28

Et de trois et de quatre. La Guinée, le Mali, le Burkina Faso et maintenant le Niger. Un vent dont l’odeur militaire est nauséabonde souffle sur l’Afrique de l’Ouest. Nous avons fermé les yeux sur ce qui s’était passé en Mauritanie (en 2008). Nous avons esquissé ce qui s’était passé en Guinée(en 2021). Nous avons accepté de nous laisser tromper par ce qui s’était passé au Mali(en 2021). Nous avons applaudi inconsciemment à ce qui s’était passé au Burkina Faso (en 2022). Nous avons, nous-mêmes volontairement et consciemment contribué aux difficultés dans lesquelles ces pays ont été plongés. Il est temps pour nous de nous réveiller et de prendre conscience de la gravité des situations dans lesquelles les déserteurs des casernes mettent nos pays. Ce qui vient de se passer au Niger, incompréhensible et injustifié est inadmissible,intolérable et inacceptable ; On ne peut pas cautionner la prise de pouvoir par un homme sur un coup de gueule, suite à son énervement ou dans son intérêt propre. Et, encore moins, on ne peut pas cautionner la prise de pouvoir par un homme qui, (tout le laisse penser),cherche à tronquer les avancées démocratiques obtenues par son pays contre une percée et une avancée de mercenaires russes sans foi ni loi. Des militaires tous les mêmes, des traîtres, des ingrats et de surcroît, des pilleurs. Quand un militaire arrache le pouvoir à un chef d’état élu, qu’il prenne ce pouvoir à la manière de Ould Abdel Aziz (ce général que le limogeagea mis dans une fureur qu’il a transformée en prise de pouvoir) ;que ce militaire prenne le pouvoir à la Goïta du Mali (qui avait renversé le régime parce qu’il refusait catégoriquement de retourner dans la caserne) ;ou que ce militaire prenne le pouvoir à la Samuel Doe, (qui s’était emparé du pouvoir pour jouer au pari avec son ami), dans tous les cas de figures, ce militaire, qui arrache le pouvoir crache sur la démocratie, piétine la constitution et pisse sur la volonté du peuple. Les aventures de ces militaires qui fuient les fronts de combats pour se « réfugier » dans des palais « squattés » doivent prendre fin. Ces aventures doivent prendre fin, même s’il le faut par la force pour que jamais plus la démocratie ne soit écorchée par les agissements de ces petits et de grands voyous en treillis qui sont en mal de popularité ou frappés d’un complexe d’infériorité qui les dérangent. Si la communauté internationale, les organisations régionales ou sous régionales, les forces politiques intérieures et les armées républicaines de nos pays ne mettent pas fin à ces vols de pouvoirs à l’arrachée par des militaires qui, tous sans exception,présentent pratiquement des déficits prononcés de popularité, et des déficiences mentales aiguës, l’Afrique va dire définitivement adieu aux valeurs que la démocratie est censée incarner. Ce qui s’était passé en Mauritanie le 6 août 2008, ce qui s’était passé en Guinée Conakry le 5 septembre 2021, ce qui s’était passé au Mali le 24 mai 2021 et ce qui s’était passé au Burkina Faso le 30 septembre 2022, reste le même problème. Un problème qui pose la même équation. Une équation qui revient sous différents angles dans des pays qui sont victimes d’agissements isolés de minables officiers qui n’ont jamais brillé dans leurs carrières professionnelles. Et, dans la plupart de ces cas, comme on l’a vu, ce sont des militaires de la sécurité deproximité des chefs d’états qui prennent le pouvoir pour leur propre intérêt. Jamais et pas une seule fois, un de ces militaires n’a pris le pouvoir pour dire au peuple :« j’ai écarté le « mauvais président », allez aux élections pour élire un bon ». Jamais cela n’est arrivé. Même pas une fois. Ni au Mali, ni au Burkina, ni en Mauritanie, ni en Guinée. Au contraire, chacun de ces militaires qui étaient pour la plupart à traine dans les académies militaires, se désigneà la tête d’un Comité militaire bidon et commence d’interminables négociations pour s’accorder une période de transition dont la durée est calculée sur le temps qui lui est nécessaire pour son enrichissement illicite.Ce qui prouve donc que ces militaires ne sont que des « délinquants » et des « voyous »versés dans le grand banditisme de la délinquance anti-démocratique. Ce qui vient de se passer au Niger n’est pas une première. Ce n’est pas la première fois qu’un militaire prend le pouvoir en évoquant des raisons majeures soit disant dans l’intérêt du pays. C’est toujours ce qu’ils déclarent tous au moment de leurs premières apparitions. Leur manière de tromper le peuple par des slogans rédigés par des « conseillers passe-partout » et « adaptables à toutes situations » prouve bien que ces militaires présentent les mêmes similitudes. Du Libéria au Niger, les déserteurs de casernes violent la démocratie. Le 12 avril 1980, WiliamTolbert, qui était à la tête de son pays depuis 1971 est renversé par un Beret-Vert, minable. Un sergentattardé formé aux USA. Avant de prendre le pouvoir de manière inattendue et invraisemblable (juste pour parier), ce sergent, Samuel Doe, n’était qu’un voyou et un petit délinquant qui se faisait de l’argent en racolant pour les prostituées dans des bars des maquis de Monrovia. Le 6 août 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz, un officier dont le loisir favori était la prestation de tous services pour en tirer profit,est limogé par le président démocratiquement élu. Surpris par l’«effet surprise »de la décision qui le limogeait des fonctions dont il avait necessairementbesoin pour démarcher afin d’arrondir ses fins de mois, il avait pris le pouvoir sans en calculer aucune conséquence, promettant de lutter contre la gabegie, le détournementet le pillage des ressources. La suite on la connait. Samuel Do est mort le 10 septembre 1990. Son corps mutilé par un chef rebelle avait été exposé dans les rues d’un bas quartier de Monrovia à la merci des chiens errants. Mohamed Ould Abdel Aziz a quitté le pouvoir et,depuis quelques temps il se retrouve tous les lundis et tous les mardis dans la cage métallique du box des accusés d’un tribunal des crimes économiques et financiers de son pays. Quarante-trois ans après le coup d’Etat de Samuel Do au Libéria, 15 ans après le coup d’état de Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie, rebelote. Voilà un autre militaire qui trahit la confiance du président dont il avait à charge la sécurité présidentielle. Ce militaire prend le pouvoir comme s’il prenait un bout de pain dans la boutique du coin. Et, comme par enchantement quelques citoyens de son pays-(l’un des plus pauvres de la planète)-,semblables à des mouches attirées par l’odeur nauséabonde d’un cadavre,envahissent les stades pour l’acclamer. Oui, effectivement la malhonnêteté et l’ingratitude de ce kidnappeur de pouvoir dégagent une odeur. L’odeur du cadavre de la démocratie. Comme on le voit donc, malheureusement,ce qui se passe en Afrique est très inquiétant. C’est pourquoi, la communauté internationale, les organisations régionales et sous régionales qui militent en faveur de la restauration de la démocratie en Afrique, les forces vives de la nation, les puissances étrangères qui militent en faveur de l’ordre constitutionnel doivent fermement et catégoriquement s’opposer,quel qu’en soit le prix, à ce nouveau détournement de la démocratie au profit d’un homme qui n’est motivé que par son ambition. L’épreuve que traverse la sous-région, est très difficile. Mais c’est une épreuve à laquelle les pays de la CEDEAO ne doivent pas échouer sous aucun prétexte. Par la diplomatie où par la force ou par les deux, l’ordre constitutionnel au Nigerdoit être coute que coute rétabli. Si les putschistes crient au scandale et rejettent toute idée d’intervention d’une coalition de forces militaires étrangères pour rétablir la démocratie dans leur pays, pourquoi alors ils ont envoyés eux des émissaires lécher les bottes des soldats de la légion russe de la honte pour leur venir en aide pour se maintenir au pouvoir ? Ce qu’il faut comprendre et savoir, c’est que si les forces de la CEDEAO et celles d’autres pays intervenaient au Niger,ce n’est pas pour faire revenir Mohamed Bazoum au pouvoir. La personne de Mohamed Bazoum n’est pas l’élément déterminant qui va pousser des forces coalisées àintervenir militairement au Niger. L’usage de cette force est nécessaire pour rétablir l’ordre constitutionnel dans ce pays pris en otage par des « talibans » en tenues treilliset des assimilés à une Mafia Colombienne. Et c’est bien maintenant que cette interventiondevient unenécessité pour que plus jamais de telles choses ne se répètent ailleurs. Car si de tels agissements se perpétuent, plus aucun chef d’état même élu démocratiquementn’accepterait de prendre les rênes dupouvoir dans son pays. Des officiers qui ont des visions atrophiées de la démocratie. Depuis l'indépendance du Burkina Faso en 1960, le pays a connu huit coups d'États. Au Mali, AssimiGoitaen prenant le pouvoir signaità son actif,deux coups d’états successifs en moins d’une année. Il remonte le nombre de coups d’étatsperpetrés au Mali à sept depuis l’indépendance de ce pays. Le « suiviste » général Thiani, qui a pris le pouvoir à des fins inavouées a pris en otage ladémocratie d’un pays et cela, comme on commence à le comprendre maintenant,pour préparer un terrain d’atterrissage pour des mercenaires, pour la plupart desaccrocs de la Vodka, des repris de justiceet des violeurs, des délinquants mais surtout ce qui est encore plus inquiétant de véritables tueurs à gages à la gâchette facile et aux poignards aiguisés. Alors, si Ibrahima Traoré du Burkina,AssimiGoita du Mali et Abderrahmane Thiani du Niger, tiennent tous trois à ces légionnaires russes en perte de popularité à cause des crimes commis sur des citoyens au Mali et sur des citoyens mauritaniens égorgés à l’intérieur des frontières du Mali, alors qu’ils sachent que les pays qu’ils dirigent par la force sont des pays qui appartiennent aussi à des classes politiques et des populations confondues dans les valeurs qu’incarne la démocratie.

Mohamed Chighali

Journaliste indépendant.